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Jean-Louis Bigou






exposition du 30 novembre au 30 décembre 2006
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Radicalisme

D’une certaine façon la démarche de Jean-Louis Bigou est le contraire de celle de Jaques Roux. Plutôt que d’essayer de rivaliser avec le réel en faisant proliférer spécialement la photographie, il réduit celle-ci à sa nature propre, dans un exercice de tautologie poétique. La photographie est image obtenue par le noircissement des graines d’halogénure d’argent, elle n’est, concrètement, à son origine, et symboliquement, dans sa finalité, que l’ombre du réel. Les photographies de Jean-Louis Bigou sont donc des photographies d’ombres et des reflets (la réflection de la lumière est le contraire de son occultation : le reflet est donc quand, comme ici, l’un et l’autre naissent de l’éclairage latéral d’un miroir, en quelque sorte une ombre claire). Le miroir, dans les photographies, reste invisible, car il s’y est présent que par sa tranche, fort mince et l’on ne le remarque pas quand on observe les grands volumes simples, sphères, cubes, pyramides, qui se découvrent sur les photographies. Ils sont obtenus par la conjonction de la zone de l’ombre et la zone de la réflection lumineuse du miroir qui intercepte et renvoie la lumière et leur nature dépend de la forme du miroir. Ce sont des images d’objets irréels dans la mesure où ils sont impalpables - et pourtant indubitables, puisque la photographie en enregistre l’expérience, ou plutôt la suscite car cet objet d’ombre n’apparaît que sous condition d’un angle de vue particulier, celui privilégié de Jean-Louis Bigou. Dans la réalité on ne ferait attention qu’au miroir. La photographie peut donc être autre chose qu’un lieu où se reconnaît ce que l’on sait exister préalablement : elle peut aussi être un lieu de découverte, de saisie par le regard, de choses que l’on ne saurait voir autrement que par elle.

Jean Arouye
                       
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